A Vinon,le Verdon traverse le village avant de se jeter dans la Durance, au nord de Cadarache. La dernière zone qu'il traverse est l'E.N.S. Les Mians, un territoire géré par le Parc Naturel Réginal du Verdon. Visite guidée avec l'un de ses techniciens, Guillaume, qui travaille régulièrement sur le terrain, à l'occasion des journées mondiales des Zones Humides 2011. Une année où l'accent est mis plus particulièrement sur l'importance de la forêt.
LA RIPISYLVE UN ROLE PRIMORDIAL
Pistes, petits sentiers et chemins inondés sillonnent ici la forêt. "Son rôle est essentiel", souligne Guillaume ; "dans la lutte contre l'érosion, car des arbres comme les aulnes, au système racinaire important fixent les berges ; pour contrer le réchauffement climatique ; assurer la qualité de l'eau en jouant le rôle de filtre ; et bien sûr, elle représente un abri et un lieu de vie pour la faune ; c'est une valeur patrimoniale inestimable".
LE COIN DES CASTORS
De l'autre côté de la digue fusible des Mians, on découvre un vaste espace dégagé entre deux rangées d'arbres au bord de l'eau. "C'est pour réouvrir d'anciens chenaux.
Ici, on détecte la présence du castor, un animal chassé autrefois pour sa fourrure, et qui a fait l'objet de nombreux programmes de réintroduction. Il est aujourd'hui protégé". En effet, on remarque plusieurs troncs d'arbres, coupés en pointe, certain avec la marque des dents, et même un ancien réfectoire. "Il coupe les arbres pour faire des barrages ; pour s'abriter, il construit des huttes ou des terriers, dont l'entrée est toujours sous l'eau". Ce gros rongeur, le plus gros d'Europe, se nourrit de feuilles, de plantes aquatiques, fruits et tubercules, ainsi que d'écorces. Si ses préférences vont au saule et aux peupliers, il ne dédaigne pas les noisetiers, ormes champêtres et cornouillers sanguins. Il n'a guère de prédateurs, mais l'aménagement des cours d'eau a bien souvent entrainé la disparition de son habitat.
CHASSE EN ZONE HUMIDE
Au détour d'un sentier, des cartouches vides, traces fraiches des chasseurs. "Ce sont des cartouches de balles ou grenailles au plomb", constate Olivier de la LPO, après les avoir observées ; " ce qui est strictement interdit en zone humlde. Sans doute guettent-ils ici les grives". Encore quelques dizaines de mètres, et nous sommes au bord de la rivière, là où Guillaume a déjà repéré des milans noirs. Et de fait, il y en a un... Au retour, nous verrons également un épervier et une buse variable...
LE VERDON, une rivière impétueuse sous le contrôle d'E.D.F.
Le Verdon prend sa source à 2572m sur la commune d'Allos, dans les Alpes de Haute Provence, où il effectue la majeure partie
de son périple. En fin de parcours, il vient flirter avec le Var, servant sur
plusieurs tronçons, de frontière entre les deux départements. Et c'est dans les Bouches du Rhône qu'il rejoint la
Durance, la plus importante rivière de Provence, après avoir franchi 175 kms. Les eaux
émeraude qui lui ont donné son nom voient leur course interrompue par cinq fois, avec les barrages hydroélectriques de
Castillon (le plus en amont, achevé en 1949), Chaudanne, Sainte Croix (4ème plus grande retenue artificielle de France après Der-Chantecoq sur la Marne, le Lac d'Orient sur la Seine, et Serre
Ponçon sur la Durance), Quinson et Gréoux (ou Esparron) : production d'électricité, alimentation en eau potable, usage agricole et industriel... Autour des lacs formés par ces retenues, se sont
développés des loisirs nautiques permettant l'essor du tourisme. Habitée depuis
la préhistoire, la vallée du Verdon garde cependant tout son aspect sauvage en de multiples lieux comme le
Grand Canyon, des gorges uniques en Europe, entre Castellane et Moustiers Sainte Marie. Par
ailleurs, le P.N.R. du Verdon participe au plan S.A.G.E. (Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux). Un plan global visant à concilier les différents intérêts en jeu : équilibre écologique,
qualité de l'eau, préservation des milieux, tourisme, gestion des ouvrages hydroélectriques...