HAUT VAR

Tourtour

"Village dans le ciel"

Tourtour est l'un des "plus beaux villages de France" du Var, avec Seillans, Gassin et Bargème, le plus haut village du département, qui s'élève à 1097m. Malgré sa "modeste" altitude de 650m, Tourtour est surnommé "village dans le ciel", ainsi qu'on peut l'apercevoir sur le sommet de sa colline, des plaines environnantes. Son esplanade offre un large panorama sur les massifs de l'Estérel et des Maures, les chaînes de la Sainte Baume et de Sainte Victoire, le Mont Ventoux... Sa situation géographique et la richesse de son patrimoine historique - on y découvre même un minuscule musée des fossiles-, en ont fait un point d'implantation pour les artistes, et l'été les touristes viennent quadrupler ses quelques 600 habitants.

AU COEUR DU VILLAGE  LA PLACE DES ORMEAUX

Etroites ruelles tarbiscotées ou en escaliers, façades soigneusement restaurées et fleuries, galeries d'art aux portes largement ouvertes, eaux de source courant joyeusement dans les canaux s'enroulent autour du coeur de Tourtour, la place des Ormeaux. "Ils sont aujourd'hui remplacés par des oliviers", fait remarquer Mariette, de l'Office de Tourisme. "Les ormes devenus géants, avaient été plantés en 1638 par Anne d'Autriche, à l'occasion d'un pélerinage au cours duquel elle venait remercier la Vierge pour la naissance de son fils, Louis Dieudonné, le futur Louis XIV".

En effet, longtemps stérile, elle avait conçu un enfant à la suite de trois neuvaines faites pour elle, dont une à Notre Dame des Grâces de Cotignac... Les ormes ont été malheureusement victimes de la graphiose, cette maladie causée par un champignon, lui-même transmis par un insecte, le scolyte de l'orme, et qui a décimé l'espèce en Europe dans les années 70.

Sur cette place, se dressent encore de très anciennes maisons qui faisaient partie des remparts.

L'EGLISE SAINT DENIS


La route bordée de tilleuls monte jusqu'à la table d'orientation et l'église Saint Denis, qui daterait de l'an 1000, et serait construite sur un ancien lieu sacré. On en trouve mention au 11ème siècle, dans les archives de l'Abbaye Saint Victor de Marseille. Style roman, lignes épurées. "Elle était autrefois nommée Saint Dounin. Comme l'Abbaye du Thoronet, son architecture a été réalisée pour le son, et les voix y prennent une résonance particulière."

 

 Dans le fond, un tableau peint par un prêtre en 1938, sur une tradition orale des habitants. "Le seigneur de Tourtour aurait martyrisé et tué deux jeunes gens venus lui réclamer l'argent qu'il leur devait ; puis il se serait débarassé des corps sans leur donner de sépulture..." Ici, on voit donc Saint Ysarn, abbé de Saint Victor, disant une messe pour le repos de leurs âmes. La légende qui accompagne le tableau laisse à penser que cet épisode serait à l'origine du nom du village : "L'an du Seigneur 1038, Saint Ysarn, abbé de Saint Victor, célèbre le divin sacrifice pour deux jeunes gens que le cruel Pandulfe avait mis à mort en ce lieu appelé Saint Domnin et depuis lors (Tortora) Tourtour."

On évoque encore une autre origine au nom du village : "tür" ou "tör" signifiant "sommet", il pourrait s'agir des deux points culminants où sont édifiés l'église St Denis et le vieux château.

Si l'église Saint Denis est encore si bien conservée, on le doit à l'abbé Adonis Volpato, cet italien né à Padoue, et curé d'Ampus pendant plus de 30 ans. "Il a restauré de nombreuses chapelles dans la région, en commençant par la réfection des toits. Il est mort en 1994."

le domaine de Beauveset
le domaine de Beauveset

En descendant vers le centre du village, on remarque une ancienne bastide. "C'est, avec l'église St Denis, l'un des plus anciens bâtiments du village. A côté, on peut observer un ancien moulin à huile, et il existait aussi une glacière". Autrefois nommé "Grange du Gavot", c'est aujourd'hui le "Domaine de Beauveset", où Fabien  Brieugne pratique une agriculture biologique.

LA MAIRIE AU CHATEAU

le château Raphélis abrite la mairie
le château Raphélis abrite la mairie
"Flambé" sculpture de B.Buffet
"Flambé" sculpture de B.Buffet

Flanqué de tours imposantes, et à l'ombre des marronniers, le château Raphélis, du nom d'une famille de despotes qui a fait régner la terreur sur le village durant plusieurs dizaines d'années, abrite la mairie, la poste et l'Office de Tourisme."Il date du 17ème siècle, et a été acheté en 1958 par la commune. Il domine la place du marché et le boulodrome, ancien potager du château".

Sur l'esplanade, deux sculptures de Bernard Buffet : le flambé, un papillon porte-queue de grande taille, et un lucane ou cerf-volant, l'un des insectes les plus imposants d'Europe. "Ce sont des oeuvres coulées dans du bronze au Japon, et dont l'épouse de l'artiste, Annabel, a fait don au village, après son décès".

C'est en 1986 que le couple vient s'installer à Tourtour, au Domaine de la Baume, où Bernard Buffet, souffrant de la maladie de Parkinson, mettra fin à ses jours en 1999.

LE FIEF DES ARTISTES

galerie d'art au vieux château
galerie d'art au vieux château

Bien d'autres artistes se sont installés au "Village dans le ciel". "On y dénombre une quinzaine de galeries installées dans des lieux parfois chargés d'histoire, comme l'ancienne prison, ou le  vieux château".

Autour de ce château du 12ème siècle et de son enceinte encore visible, se sont élaborées au 14ème siècle une deuxième enceinte "dont existent toujours les portes et les maisons construites dans les remparts ; puis une troisième, au-delà de l'actuelle mairie".

LA SOURCE DU SAINT ROSAIRE

 

En face du château, le lavoir. "Il était utilisé encore récemment. Il est alimenté par la source du Saint Rosaire, qui débite de 3000 m3 à 8000 m3 d'eau par jour. Elle n'est jamais à sec. L'eau est captée à la source pour le village et les fontaines. Le surplus part dans les canaux équipés de martelières.

Auparavant, chacun avait son heure d'arrosage, ce qui n'allait pas sans quelques disputes...

Comme partout dans le Haut Var, l'eau est très calcaire, ce qui entraine la formation de tuf , avec une rapide cristallisation des végétaux".

LE MOULIN A HUILE  ROUE A AUBES ET PRESSE A BRAS

Mariette explique le fonctionnement de la presse. En premier plan, un scourtin
Mariette explique le fonctionnement de la presse. En premier plan, un scourtin

C'est encore une roue à aubes, actionnée par la source du Saint Rosaire, qui fait tourner le moulin à huile communal.

"Ce moulin du 17ème siècle est le dernier de la région à fonctionner avec la force de l'eau, et une presse à bras. Il a été construit par les habitants eux-mêmes".

Ici, chacun peut apporter sa récolte d'olives, pour peu qu'elle fasse au moins 10 kilos. Placées dans des caissettes, elles se réchauffent d'abord quelques jours avant d'être traitées, grâce au poêle à bois et la cuve à eau.

"Rien que pour graisser la grosse pierre, il faut 180 kilos d'olives. Ensuite, on fait des tournées d'environ 400 kilos". La pâte ainsi obtenue est déposée dans de petits paniers ronds, les scourtins. "On en entasse une quinzaine sous la presse, et l'on obtient une huile par première pression à froid. A tourtour, nous traitons 40 à 50 tonnes d'olives par an, ce qui fait approximativement 8000 litres d'huile".

Le tourteau, constitué par les résidus, est brûlé ou restitué aux producteurs qui s'en servent d'engrais au pied de leurs oliviers.

Le moulin a été rénové en 2005, année où les olives ont été attaquées par la mouche. Il tourne à peu près deux mois par an, décembre et janvier, moment de travail intensif pour le moulinier du village.

"Mais le moulin ouvre ses portes quand même tout au long de l'année : pour des expositions artistiques, pour Halloween, pour préparer la fête de l'Oeuf... Il est un centre de vie".

LE MUSEE DES FOSSILES  L'OEUVRE D'UN SEUL HOMME

musée Victor Zaneboni  crabe
musée Victor Zaneboni crabe
musée Victor Zaneboni  oeufs de dinosaure
musée Victor Zaneboni oeufs de dinosaure

Au détour d'une petite rue, voici le musée des fossiles. "C'est l'oeuvre d'un seul homme, Victor Zaneboni. Né en 1917, il était menuisier charpentier de marine. Passionné de botanique, il commence un herbier qui restera à la lettre A... Car à la recherche de plantes, il découvre les fossiles, et suit des cours d'archéologie paléontologie à Aix en Provence. Parcourant la région, il accumule au fil des ans une importante collection dont il fera don à la commune. Il laissera son nom à une espèce d'ammonite : phylloceras zanebonii".

Minuscule, mais bien rempli, le musée expose des ammonites, ancien mollusque à coquille en spirale, des belemnites dont les descendants sont le calmar, la pieuvre ou la seiche, des nautiles à la coquille cloisonnée en plusieurs loges, des echinodermes, dont les représentants actuels sont les oursins et les étoiles de mer, des dents de reptiles marins, des oeufs de dinosaure... Le tout soigneusement légendé.

LE VILLAGE EN IMAGES

"Pour Noël, huile nouvelle" : le moulin à huile de Tourtour