FUSION FROIDE

Balbutiements et interrogations

Depuis la première expérience de fusion froide, réalisée en 1989 par Martin Fleischmann et Stanley Pons, deux scientifiques américains, à Salt Lake City aux USA, il semble que la recherche en ce domaine n'ait guère progressé. Aujourd'hui, alors que les ressources en énergie sont un problème mondial au centre des débats, "la fusion froide est-elle une énergie de l'avenir ? Durable, propre, peu coûteuse, et en quantité suffisante pour tous ?" Jean-Paul Biberian, physicien, Maître de Conférence à la Faculté des Sciences à Lumigny, Aix-Marseille Université, et chercheur au CNRS, est venu faire le point sur la question à Sillans La Cascade (83), fin juin 2012, avec beaucoup d'humour... indispensable pour conserver l'attention de l'auditoire sur un sujet aussi ardu.

 

FISSION ET FUSION

Petit rappel sur l'énergie nucléaire : "C'est à la fin des années 30", a expliqué Jean-Paul Biberian, "que des physiciens allemands découvrent la fission nucléaire. Quand on casse un noyau d'uranium en le bombardant de neutrons, la somme des deux masses obtenues est plus faible que la masse de départ. La perte de masse s'est transformée en énergie". Nos centrales nucléaires fonctionnent sur ce principe. "La fusion nucléaire est le phénomène inverse. Lorsque l'on fait fusionner deux atomes de deuterium, la masse obtenue est plus petite que l'addition des deux masses d'origine. Là encore, il y a production d'énergie. C'est ce qui se passe au niveau du soleil. Et c'est le principe de la bombe H, la bombe à hydrogène. Et c'est également l'objectif d'ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor), le centre de recherche implanté à Cadarache, à partir d'atomes de deuterium et de tritium, mais à une température d'environ 150 millions de degrés..."

 

UNE RECHERCHE CONFIDENTIELLE

J.P.Biberian
J.P.Biberian

La fusion froide est toujours à l'état de recherche. "L'expérience de 1989, réalisée dans un tube à essai, à température ambiante, avec de l'eau lourde, une électrode de palladium et une électrode de platine, n'est pas reproductible à 100%. Sans doute, divers facteurs peuvent en être la cause, comme la vitesse de l'électrolyse, ou la qualité du palladium... Divers scientifiques s'y sont essayés, sans succès. Officiellement, c'est un sujet tombé dans l'oubli. Des conférences nternationales se déroulent chaque année, mais elles ne sont pas reconnues par la communauté scientifique". La recherche se poursuit malgré tout, sans publicité médiatique,en France, en Italie, aux USA, en Russie, en Chine, au Japon... "Depuis 23 ans, des centaines de gens continuent à travailler de par le monde. Nous sommes trois en France. L'Italie est l'un des pays les plus actifs : Andrea Rossi et Sergio Focardi auraient réussi l'expérience, en utilisant de la poudre de nickel, de l'hydrogène et un catalyseur dont ils n'ont pas révélé la nature ; en provoquant l'émission d'un dangereux rayonnement gamma". Ils auraient ainsi inventé l'E-Cat (Energy Catalyser), un appareil à énergie domestique, non commercialisé à l'heure actuelle. "Il y a pas mal de problèmes pour le dépôt du brevet, et nous ne disposons que de très peu d'informations à ce sujet, car les italiens craignent que d'autres ne s'emparent de leur découverte..." De son côté, Jean-Paul Biberian poursuit ses travaux personnels en la matière, et participera à la Conférence Internationale en Corée du Sud, en août prochain.
"Si la fusion froide devenait une réalité, aurait-on affaire à une énergie propre, sans danger ?" "Il est encore trop tôt pour le dire. Nous n'avançons qu'à grand-peine, faute de moyens. La fusion présente l'avantage de dégager beaucoup plus d'énergie que la fission, avec un processus moins dangereux, et une production nettement plus faible de déchets radio-actifs..."