Nous croulons sous nos déchets : plus de 500 kilos par an et par personne en moyenne dans notre pays.Ils envahissent nos poubelles, incinérateurs, décharges et déchèteries, quand ils ne se retrouvent pas tout simplement dans la nature, où ils polluent le sol et l'air, avec de graves conséquences sanitaires. Sans parler du coût qu'ils représentent pour les collectivités.
"Heureusement", constate Valérie de la Biocoop de Salernes lors de la présentation de l'association "Poubelle, la vie" en novembre 2016, "nous pouvons changer nos réflexes de consommation, et décider d'alléger notre impact sur l'environnement. Il existe quelques initiatives pleines de bon sens et efficaces qui émergent un peu partout dans le monde. A nous de nous informer, réfléchir et prendre les choses en main". Comment transformer le cauchemar que sont devenus nos déchets, en richesse ?
"POUBELLES, LA VIE" : INFORMER ET STIMULER
André et Cathy ont créé cette année l"association "Poubelles, la vie", basée à Carcès (83). Après mûre réflexion, ils ont décidé de concentrer leurs actions sur le vrac, le compostage et la ressourcerie.
L'association "Poubelles, la vie" a déjà mis en place un projet pédagogique avec l'école primaire de Carcès, en collaboration avec l'association "Maison Patoulatchie", axée sur la qualité de l'environnement. "Il s'agit d'utiliser les déchets verts de la cantine scolaire pour faire sur place un compost utilisé ensuite sur un potager".
Prête à collaborer avec d'autres associations, collectivités, syndicats, l'association "Poubelles, la vie", se situe comme une source de communication et de stimulation. "Nous pouvons relayer, par exemple, l'information sur les initiatives prises par le Syndicat Mixte du Haut Var". Contact : : poubelleslavie@orange.fr
LE SYNDICAT MIXTE DU HAUT VAR
Le Syndicat Mixte du Haut Var, de son côté, ne cesse d'améliorer la gestion des déchets avec la multiplication des containers, l'ajout de colonnes à carton et le broyage à domicile des déchets verts. Invités par Denis Plaisir, président de l'Association de Défense des Sites de de l'Environnement de la Commune d'Aups (ADSECA), Roland Balbis, président du SMHV, Cédric Dubois, ingénieur environnement développement durable et Didier Lions, animateur tri adjoint exploitation, ont expliqué les diverses actions du Syndicat, face au problème des déchets. "Un défi pour la planète qui nous concerne tous", comme l'a souligné Denis.
LE SYNDICAT EN QUELQUES CHIFFRES
Le Syndicat Mixte du Haut Var (ancien SIVOM, Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple), intervient aujourd'hui sur 15 communes : la communauté de communes "Lac et gorges du Verdon", et 4 communes de la Provence Verte : Carcès, Cotignac, Entrecasteaux et Montfort. Un total de 16 000 habitants. Il regroupe une cinquantaine d'agents, dont 41 titulaires et 8 à 10 saisonniers l'été. Il possède 25 camions ainsi qu'un véhicule spécial pour le lavage des bacs. Son budget de fonctionnement s'élève à 3,9 millions d'euros par an. "Pour que les coût ne s'envolent pas,une seule solution", insiste Roland Balbis, " TRIER, VALORISER, RECYCLER".
L'IMPORTANCE DU TRI
"Selon l'Agence de l'Environnement", explique Cédric Dubois, "chacun d'entre nous produit 570 kilos de déchets par an, ce qui représente en coût de collecte et de traitement 150 euros par an et par habitant".
Dans la région gérée par le SMHV, ce chiffre grimpe à 1400 kilos par an et par habitant. La moitié sont des déchets verts. "Une très grosse quantité qui s'explique du fait que nous sommes en zone rurale et forestière, et que le brûlage est interdit".
Selon la loi de Transition Energétique du 17 août 2015, l'objectif d'ici 2020 est une valorisation de 55% des déchets recyclés. "Or, depuis un an, nous sommes avec le SMHV, à un peu plus de 65%". Un succès qui illustre l'importance du tri, et le bien-fondé des derniers aménagements mis en place par le Syndicat.
"Celle d'Entrecasteaux a été créée en six semaines l'été dernier. Mise en service en août, elle possède 16 filières de récupération, sachant que l'on peut aller, comme à Régusse, jusqu'à 20". Par exemple équipement électrique et électronique, dont la performance augmente depuis 2014 ; métaux ; déchets verts ; bois ; déblais et gravats ; piles et accumulateurs ; déchets ménagers spéciaux (toxiques) ; cartouches d'encre ; textiles ; radiographies...
Régusse, à dix minutes d'Aups, est celle qui reçoit le plus de visiteurs, soit 12 000par an.
La déchetterie de Saint Andrieux rassemble les communes des Salles sur Verdon, Aiguines, Bauduen et Vérignon.
"Et nous avos un projet sur Villecroze..."
Si le tri est correct, les ordures ménagères deviennent insignifiantes. "Il faut savoir que tout ce qui part au recyclage rapporte de l'argent : une tonne de cartons régénérés rapporte par exemple 40 euros. Alors que l'on débourse 130 euros pour une tonne d'enfouissement", précise encore Roland Balbis.
SALERNES : UNE DECHETTERIE D'ICI 2 ANS
A Salernes, le traitement des déchets est géré par la Communauté d'Agglomération Dracénoise. Aujourd'hui, il 'existe qu'un "dépôt autorisé", au tri très sommaire. "Mais nous travaillons à la construction d'une véritable déchetterie dont le maitre d'ouvrage est la CAD", assure Robert Sappa, adjoint à l'Environnement. Les prévisions ? Une dizaine de filières différentes. "Les coût doivent être les plus bas possibles, et les déchets rapidement évacués, dans les meilleures conditions.Mais il n'est pas question d'y adjoindre une ressourcerie, qui exige des locaux et du personnel...On envisage sont ouverture dans deux ans environ".
"ROULE MA FRITE VERDON" : RECYCLAGE DES HUILES ALIMENTAIRES
L'association "Roule ma frite Verdon, est créée en 2008 sur Aups, et collecte les huiles alimentaires sur le territoire du Verdon, d'Allos à Brignoles, et de Manosque à Castellane.
"Il ne s'agit pour l'instant que d'une collecte auprès des professionnels", précise J.Jacques Del Maestro, coordinateur de l'association. "Nous mettons à la disposition des restaurateurs un contenant pour huiles usagées, qui sont ensuite recyclées. 250 professionnels, soit environ la moitié d'entre eux, travaillent avec nous" .
En ce qui concerne les particuliers, rien n'est encore organisé. "Nous avons réalisé une étude sur plusieurs communes à forte concentration d'habitants, comme Draguignan. 100% de ces rejets se retrouvent dans les canalisations, et viennent colmater les stations d'épuration. Le prix pour décolmater la station d'une ville de 12 000 habitants ? 300 000 euros. Un coût répercuté sur la taxe de l'Agence de l'Eau".
Aussi "Roule ma frite" envisage une collecte pour les particuliers. Les huiles usagées seraient recueillies dans une ancienne bouteille d'eau, munie d'un entonnoir avec couvercle pour plus de facilité. Ces bouteilles fermées seraient ensuite jetées sur une borne dédiée à cet effet, dans une déchetterie ou au sein des communes. L'association projette ainsi de ramasser 100% des huiles usagées des particuliers, en partenariat avec les collectivités locales.
Actuellement, 90% des huiles récoltées par l'association partent à l'export comme carburant, faute d'une réglementation appropriée pour cet usage chez nous. "Nous pouvons les utiliser aujourd'hui pour le chauffage. Elles remplacent avantageusement le fuel, car elles ne provoquent pas de rejet de soufre et métaux lourds dans l'atmosphère".
"Roule ma frite" projette également la commercialisation d'une huile de chaine de tronçonneuse biodégradable. savoir plus