A une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau de la Méditerranée, le Rocher surplombe les villages du Muy et de Roquebrune sur Argens. Un rocher rouge, aride, qui évoque immanquablement un décor de western. Parsemé de maquis où alternent mousses, lichens, cistes, bruyères arborescentes, lentisques, chênes verts, chênes lièges... Le Pic du Rocher culmine à 373m au dessus de la vallée de l'Argens.
Il constitue le dernier contrefort oriental du massif des Maures, et il fait partie, comme le massif de l'Estérel, de la Provence siliceuse ou cristalline ; mais le Rocher de Roquebrune n'est pas, quant à lui, d'origine volcanique. "Durant 50 millions d'années, l'érosion des Maures et de l'Estérel, qui culminaient à 5 000m ou 7 000m, a entrainé une accumulation de roches dans le profond bassin d'effondrement qui les séparaient", explique Denis, notre guide. "Elles sont remontées à l'ère tertiaire, lors des puissants mouvements tectoniques qui ont agité la terre, donnant naissance à ce rocher : un conglomérat de granites, gneiss et rhyolites qui ont formé l'arkose ; sa couleur rouge caractéristique est due à l'oxyde de fer qu'elle contient. C'est une roche friable dans laquelle le vent a modelé d'étranges sculptures, ainsi que grottes et canyons."
BALADE SUR LE ROCHER
Plusieurs sentiers sillonnent le rocher. Le GR 51 en fait le tour, du Muy à Roquebrune. L'emprunter jusqu'aux "Hautes Roques", pour revenir par le site de La Roquette, permet de découvrir le contraste entre les flancs nord et sud.
Parking : à partir du Muy, sur la route de Sainte Maxime, face à la base de téléski. Le GR commence sur la petite route marquée par un oratoire.
Après cinq à dix minutes de marche, il se lance à l'assaut du rocher, face au massif de la Colle du Rouët. Des cairns jalonnent le chemin, parmi les buissons de cistes et de myrtes, qui égayent la pierre rougeâtre où s'accrochent quelques mousses.
Ci-dessous : le myrte : fleurs
blanches et odorantes, feuilles coriaces, baies noires ; utilisé pour parfums, liqueurs, élixirs.
La lavande à toupet, caractéristique avec ses fleurs en épi ; très résistante à la
sécheresse.
L'épeire armide, aisément reconnaissable avec son décor dorsal en forme de feuille, et ses
couleurs vives.
Le grand fourmilion, ci-contre, se déplace de buissons en buissons par des vols brefs ; il ne vit qu'une vingtaine de jours.
Le concert des cigales s'intensifie tandis que l'on se rapproche des chênes, où le dernier incendie a fait des ravages... Encore
un coup d'oeil en bas, où l'autoroute file vers la mer et s'évanouit dans la brume, puis l'on contourne le rocher. Le sentier se faufile entre les hautes bruyères arborescentes jusqu'au
lieu-dit "La Croix Boeuf". La piste rejoint alors le carrefour des "Trois Croix" et de la "Draille du Facteur" en 20 minutes.
La prairie qui s'étend ici déborde de vie. Aux heures les plus chaudes de la
journée, des insectes mènent une sarabande endiablée dans l'air brûlant ; ce sont des ascalaphes ces cousins des fourmilions, mi-papillons de part leur
allure, et mi-libellules avec leurs ailes transparentes rayées de nervures sombres. Brefs mouvements de vol ondoyant en quête de nourriture, entrecoupés de temps de repos, ailes ouvertes au
soleil ou sagement repliées le long du corps. Ci-contre, l'ascalaphe soufré.
De temps à autre, un grand criquet rouge s'élance, déployant ses ailes comme deux minuscules parachutes, et il retombe mollement dans une touffe de thym ou de lavande. Là aussi, les araignées sont en chasse, et leurs victimes prisonnières du piège de soie tendu à faible hauteur du sol, sont vite neutralisées et ficelées. Les bombyles, en vol stationnaire, n'en finissent plus de pomper le nectar des fleurs à l'aide de leur longue trompe raide. Des chenilles ondulent sur le sol, gravissant les obstacles, exposées aux multiples prédateurs. A chaque pas, des nuées de criquets bondissent, et le chant des cigales emplit l'atmosphère.
Le sentier balisé en vert escalade le rocher, et là, changement de décor. Il pénètre dans une sombre forêt de chênes liège à l'ombre bienfaisante, avant de dévaler dans un chaos de rocs moussus.
De ce côté-ci du rocher, d'autres curiosités : le Saint Trou (ou cinq trou), le Jeu de ballon, Notre-Dame-de-la-Roquette (ou Notre-Dame-du-Spasme ou Notre-Dame-des-Oeufs), la chapelle St Jean.
Retour au parking par la route .