UNE AGRICULTURE SOUS INFLUENCE
Denis Carel, éleveur à La Roquebrussanne (83), possède chèvres et brebis qui pâturent sur le plateau d'Agnis, et il est président d'Agribiovar. Il raconte comment, dans les années 60-70, la Politique Agricole Commune a mis en place une intensification de la production laitière. "On a assisté à une course à l'agrandissement, et puis la machine s'est emballée toute seule. Maintenant, le système est sous perfusion."
DES USINES A VACHES
Une vache à l'herbe produisait 5000 kilos de lait par an ; pour doubler son rendement, on lui a donné une alimentation concentrée en azote : maïs fourrager, et soja importé principalement des U.S.A., Brésil et Argentine. "Cet élevage hors-sol, véritable usine à vaches, requiert d'énormes investissements au niveau des bâtiments et du matériel ; les éleveurs deviennent entièrement dépendants de l'extérieur, et sont contraints à des emprunts à long terme. Ils sont aujourd'hui les victimes consentantes d'un système agro-industriel qui fait la loi. Lorsque les marges se réduisent, ils en sont les premières victimes... C'est l'impasse financière, et écologique."
PAS D'AGRICULTURE CONCURRENTIELLE
En 1996, la crise de la vache folle inquiète les consommateurs. Brutalement, ils réalisent qu'ils ne savent rien de ce
qu'il y a dans leurs assiettes. Une timide demande de produits biologiques voit le jour. La seconde étape a lieu en 1999, avec la création des Associations pour le
Maintien d'une Agriculture Paysanne, lien direct entre le consommateur et le producteur qui propose, en majeure partie, des aliments biologiques.
Qu'en est-il de la sécurité alimentaire aujourd'hui ? " La France est
le leader mondial des grandes surfaces en m2 par habitant, et le Var en est le leader national. Nous pouvons, en tant que citoyens, exiger des élus une
agriculture bio, ou du moins, plus respectueuse de l'environnement et de notre santé ; et favoriser les circuits courts : nous importons actuellement le bio d'Allemagne et d'Italie. On ne peut
dire que seule l'agriculture conventionnelle est capable de nourrir la planète ; plus d'un milliard d'êtres humains meurent de faim aujourd'hui ! Avec des méthodes
agro-écologiques, on peut nourrir 9 milliards d'habitants, mais pas les actionnaires."
Le rôle de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles ? "Sans vouloir critiquer ses adhérents,
elle est la vitrine légale de l'agro-industrie, d'une agriculture sous influence. Il s'agit en fait du problème général d'une société qui, sous couvert de nous
protéger, nous rend entièrement dépendants. Les produits agricoles n'ont rien à faire sur le marché mondial ; l'agriculture ne peut pas, et ne doit pas être concurrentielle. Les grosses
firmes internationales achètent des terrains pour des cultures d'exportation, et détruisent ainsi les cultures vivrières."
L'avenir ? "Il doit y avoir une renégociation de la PAC en 2013 ; la
promotion de l'agriculture biologique dépendra de la pression des consommateurs."
LE VAR, UN ESPACE AGRICOLE RARE
Denis déplore le difficile accès au foncier dans le Var, un département où règne "l'industrie du
soleil", où le tourisme donne le ton. "Je me souviens que déjà, en 1973 certains élus parlaient de maintenir le berger pour la carte postale. 80% de la superficie du Var sont occupés par la forêt, le reste par les plaines
agricoles. En outre, depuis une quinzaine d'années, l'agriculture disparait au profit de l'habitat, ce qui a contraint certains éleveurs à des systèmes d'intensification. Il faut savoir qu'en
matière d'espace pavillonnaire, on compte 1500 m2 dans le Var, contre 400m2 dans d'autres régions de France ou en Europe du Nord ; on a gâché un espace agricole
rare."
Le projet du Parc Naturel Régional de la Sainte Baume représente-t-il une menace pour lui ? "Non ; le Parc vise la conservation de la biodiversité, faune et flore sauvage, mais dans le
cadre du respect des activités humaines ; ce n'est pas une sanctuarisation du territoire."
Liens AMAP
ALTERNATIVES... OUI MERCI !
Nombre d'associations agissent en faveur d'un mode de vie axé sur le respect de la nature et de l'environnement. Elles proposent des solutions alternatives, accessibles à tous.
L'AGENCE TERRITORIALE DE LA CONSOMMATION DURABLE
Créée en 2006, en partenariat avec le Syndicat Intercommunal pour la Valorisation et l'Elimination des Déchets, et avec Ecoscience Provence. L'ATCD soutient un commerce engagé auquel adhèrent 50 commerçants de 14 communes varoises. Le but est de réduire les déchets à la source, limiter le coût du traitement, et favoriser l'économie locale. "Choisir ces commerçants, explique Laure Wherlé, c'est contribuer à la sauvegarde de notre environnement. N'oubliez pas que la décharge de Balançan (83) déborde...
LA MAISON CARREE DES 4 SAISONS
Kurt Jaeger, créateur de "la maison carrée des 4 saisons, se soucie tout particulièrement des problèmes liés à l'habitat : isolation, économie d'énergie, pollution intérieure. Sans oublier le choix du terrain, l'orientation du bâtiment ainsi que sa forme et son volume, la disposition de ses ouvertures et de ses différentes pièces. "C'est une maison cosmobiologique, résistante aux catastrophes naturelles. Actuellement, Kurt fait circuler une pétition européenne, réclamant une TVA à 5,5% sur les matériaux bioclimatiques et naturels, qui réduisent la consommation d'énergie de 40% voire 80%. En mars 2009, Bruxelles a rejeté le projet de TVA réduite pour les produits "verts", défendu par la France et l'Angleterre, mais refusé par l'Allemagne.
Association "la maison carrée des 4 saisons 83570 Correns. Kurt Jaeger : tél, fax : 04 94 77 24
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BIO CONSOM'ACTEURS
L'association française Bio Consom'acteurs regroupe 14 000 adhérents. Des citoyens partisans d'une agriculture biologique, et souhaitant se faire entendre auprès des pouvoirs publics. "Certes, nous agissons individuellement", affirme Bernard Astruc, responsable de l'association dans le Var, "mais pour que les choses changent plus vite, il faut agir au niveau collectif, pouvoir siéger dans les instances nationales pour promouvoir le développement du bio qui reste insuffisant."
L'AGE DE FAIRE
Mensuel national indépendant tirant à 40 000 exemplaires, l'Age de faire est la création d'une association à but non lucratif, comptant actuellement 7 salariés. Lancement garanti par la vente directe des bénévoles, frais de rédaction réduits par le partenariat, petit prix... Ce journal souhaite sensibiliser un très large public aux problèmes écologiques, et privilégie un nouveau mode de vie déjà en place. "Chacun est riche de ses expériences, et peut les faire partager", explique Bernadette Neu, responsable de la promotion.
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