PROVENCE VERTE

COTIGNAC (83)

A l'ombre du ROCHER

Le ROCHER de Cotignac ne peut passer inaperçu. Avec ses 400 mètres de long et ses 80 mètres de haut, cette muraille de tuf creusée de multiples grottes, élaborée durant de longs millénaires par les eaux de la Cassole, surplombe le village. "C'est au-dessus du ROCHER, sur le plateau déjà  fréquenté pendant la préhistoire, et autour de la source Saint Martin, que le village se développe réellement entre le 5ème et le 6ème siècle", explique Elodie de l'Office de Tourisme, lors des Journées du Patrimoine 2013.

cascade des Trompines.
cascade des Trompines.

UN VILLAGE FACONNE PAR LES EAUX

 

Les habitants vivent alors d'agriculture et d'élevage. La Cassole, cette petite rivière que l'on franchit aujourd'hui par le pont à l'entrée sud de Cotignac, se déverse à l'époque par-dessus la falaise, où peu à peu la végétation et les eaux calcaires sculptent stalactites, stalagmites et cavernes, conférant au ROCHER l'aspect d'un village troglodyte. Au cours du Moyen-Age, la population s'installe au pied du ROCHER, barrière infranchissable, par crainte des brigands. Et lors des invasions, ils se réfugient dans les grottes.

La Cassole coule désormais dans le Vallon Gai où l'on peut admirer la cascade des Trompines

visite guidée à la grotte
visite guidée à la grotte

"De petites anfractuosités pouvaient accueillir 2 à 3 personnes. La plus grande en hébergeait une quinzaine". On la visite aujourd'hui et l'on reconnait encore un coin-cuisine avec cheminée, ainsi que les traces d'un ancien plancher. "Au-dessus étaient stockées les provisions. On voit des départs de galeries permettant de monter plus haut, et il existait des "couloirs" pour accéder aux tours sarrasines".

Les deux tours sarrasines, c'est tout ce qu'il reste des anciennes fortifications réalisées au Moyen-Age. Tours de guet d'où l'on surveillait la plaine, elles n'ont effectivement aucune entrée visible à la base, et l'on raconte que l'on y pénétrait par le ROCHER.

L'abondance de l'eau à Cotignac favorise au fil du temps la construction de canaux pour l'irrigation, lavoirs, moulins à blé et à huile, ainsi que la prolifération de tanneries, chapelleries, fabriques de tuiles, filatures de laine et de lin.

Au 17ème siècle, la sériculture se dé&veloppe, encouragée par Louis XIV, créant plusieurs centaines d'emplois, et "en 1846, le village possédait 12 usines produisant 6000 kilos de soie par an (...) et entre les années 1930-1940, la production atteignait 30 000 tonnes de cocons par an". (Cotignac Autrefois, par l'Association Cotignac Autrefois et Aujourd'hui).

LE COURS GAMBETTA  UN LIEU DE VIE

"Entre le 14ème et le 18ème siècle, le village s'étale toujours plus vers le sud, et le cours de la Cassole est détourné à plusieurs reprises pour faciliter de nouvelles constructions".

Longtemps terrain marécageux infesté par les moustiques, piétiné par le passage répété des troupeaux et pollué par les entreprises environnantes, le cours Gambetta qui apparait au 19ème siècle, est maintenant un lieu de vie bordé de platanes, où s'alignent les commerces. "C'est là que se déroulent le marché, les brocantes et toutes les manifestations".

fontaine des Deux Places
fontaine des Deux Places
canalisation de l'ancienne centrale hydro-électrique
canalisation de l'ancienne centrale hydro-électrique

L'eau est restée très importante, et le village compte 17 fontaines, dont celle de La Cascade avec son lavoir, et celle des Quatre Saisons, la seule dont l'eau est potable. "C'est la plus grande de Cotignac, et elle date de 1804. Ses 4 visages de marbre blanc représentent les 4 saisons, mais aussi les âges de la vie".

C'est cette abondance d'eau qui permet en 1897 la construction d'une centrale hydro-électrique au pied du ROCHER. "On voit encore les canalisations en pierre dans la falaise", fait remarquer Elodie. "En 1920, le rendement n'étant pas assez élevé, on déplace la centrale au niveau de la mairie. Elle fonctionnera jusqu'en 1960, quand seront construits les premiers barrages EDF".

L'EGLISE SAINT PIERRE

un puits de lumière au dessus du maître-autel
un puits de lumière au dessus du maître-autel
les vitraux sont du 17ème siècle
les vitraux sont du 17ème siècle

L'église Saint Pierre, à la façade massive, a été construite au 13ème siècle, mais en 1700, elle est agrandie, et change d'orientation. "Seule la nef est d'origine, les vitraux et les collatéraux datent du 17ème siècle. Quant à l'inscription sur son fronton "Liberté Egalité Fraternité", elle est apparue sous Napoléon, au moment du mouvement républicain. On la retrouve fréquemment dans d'autres villages". De style roman, elle comporte un curieux puits de lumière au-dessus du maître-autel, ainsi qu'un orgue imposant "que l'on a eu quelques difficultés à faire passer par la porte en 1872. Les croix rouges dessinées sur ses piliers ne sont pas la croix pattée des Templiers, mais le signe de leur consécration en 1266". Son mobilier est en grande partie classé ou inscrit aux Monuments Historiques.

LE QUARTIER MOYEN-AGEUX

En se dirigeant plus au nord, on accède au quartier moyen-âgeux. Au passage, une maison à encorbellement du 14ème siècle. "L'impôt sur les habitations dépendait de la surface au sol. On construisait donc parfois un passage commun avec le voisin pour payer moins cher".

C'est dans ce quartier, rue de l'Horloge qu'était établi le premier bureau de poste en 1703. "La Tour de L'Horloge marquait l'entrée du village (1200-1300). Elle a son cadran solaire, et un campanile solaire, avec ses trois boules en céramique symbolisant le soleil, la terre et la lune. Elle servait à l'origine de tour de guet, et l'on sonnait la cloche à l'approche de l'ennemi".

Sur la place, on distingue encore, parmi les anciennes demeures, celles des riches commerçants ou artisans, avec leur belles portes et deux fenêtres par étage, tandis que les moins aisés se contentaient d'une fenêtre. "Il existait aussi une redevance sur les fenêtres...Le rez-de-chaussée  était réservé aux animaux, et au premier se trouvait la pièce de vie. Aux 2ème, 3ème étage, on faisait la culture des vers à soie, qui a connu ses heures de gloire à Cotignac..."

AU PIED DU ROCHER

moulin du Piquet presses
moulin du Piquet presses

Au pied du ROCHER, on trouve de très anciennes maisons, parfois semi-troglodytes, encastrées dans la falaise, avec des façades en pierres, rénovées et fleuries. Calades, minuscules jardins ombragés et colorés, vue sur les toits du village et les lointains bleutés des collines... Flâner ici est un enchantement.

"Le moulin du Piquet, moulin à huile de 1496 dont le nom vient du droit de presser, est le dernier à avoir fonctionné. Les presses encore visibles sont du 18ème. En 1900, on compte encore 18 moulins sur la commune. Mais en 1956, un hiver particulièrement rigoureux gèle la majeure partie des oliviers".

L'été, on peut accéder aux grottes du ROCHER. Non loin de l'entrée, on remarque une stèle édifiée à l'origine en honneur à Napoléon. "Quand Napoléon a regagné Paris, il devait passer par Cotignac, d'où cette pierre gravée. Mais il n'est jamais venu. Sans doute plusieurs plans étaient-ils prévus pour déjouer les espions... Du coup, on a rectifié l'inscription, et "Napoléon" est devenu "Apollon" !"

En contrebas, une dizaine de petits "casiers" : pigeonniers, ou abris pour des urnes funéraires ?

"Ce qui est sûr, c'est qu'en février 1902, un terrible glissement de terrain a mis à jour des centaines d'ossements". Les morts auraient été ensevelis dans des tombeaux collectifs à l'âge du bronze.

Le visiteur est accueilli dans l'ancien Hospice de la Charité installé ici en 1314, et désaffecté en 1653. Escaliers de pierre et échelle métallique lui permettent alors de découvrir les grottes.

UN LIEU DE PELERINAGE CHRETIEN

chapelle Saint Martin
chapelle Saint Martin
Notre Dame de Graces
Notre Dame de Graces

La source Saint Martin, au nord du village sur le plateau, c'est la source de la Cassole, lieu de naissance de Cotignac. Et l'église St Martin est construite au 9ème siècle sur un site religieux plus ancien. Quand le village descend au pied du ROCHER, on y édifie l'église St Pierre et St Martin devient une chapelle aujourd'hui fermée.

Par contre, Notre-Dame de Grâces, au sud de Cotignac et sur le mont Verdaille, reçoit de nombreux pélerins. Construite en 1519 suite, selon la tradition, à l'apparition de la Vierge Marie à un bûcheron du village, Jean de la Baume. Elle demanda qu'on lui bâtisse en ce lieu une chapelle appelée Notre-Dame de Grâces ; elle y exaucerait les demandes des fidèles. Et c'est ainsi que la reine Anne d'Autriche verra ses prières comblées avec la naissance d'un fils, Louis-Dieudonné, le futur Louis XIV, en 1638. Détruite durant la Révolution, la chapelle est reconstruite en 1810, et depuis quelques années, elle abrite les Frères de la communauté St Jean.

monastère prière à St Joseph
monastère prière à St Joseph

En juin 1660 sur le mont Bessillon, un jeune berger mourant de soif, Gaspard Ricard, voit lui-aussi une apparition. Cette fois-ci, c'est St Joseph qui lui ordonne de soulever un rocher d'où jaillit alors une source. Cette nouvelle se répand, malades et infirmes viennent implorer le saint et repartent, dit-on, consolés ou guéris. Une chapelle est bâtie sur le Bessillon en 1663, puis un couvent. Sous la Révolution, les bâtiments sont abandonnés, le couvent tombe en ruines, mais la chapelle continue à être entretenue par les curés de Cotignac... En 1975, les Bénédictines venues de Médéa en Algérie viennent donner un nouvel essor à la religion. Un autre monastère voit le jour. On ne peut le visiter, mais il accueille des femmes pour des retraites de courte durée.

Tous les ans, se déroule le pélerinage des pères de famille venus de la région plus ou moins lointaine, et réunis dans ces  lieux saints. Depuis peu, les mères de famille ont aussi leur pélerinage.

LA FETE DU COING

L'origine du nom du village ? Il viendrait du nom d'un officier romain, Cotinus, à qui l'administration aurait offert des terres particulièrement fertiles sur le plateau au nord de Cotignac.

Mais on dit aussi que "Cotignac" aurait un rapport avec le coing qui abonde dans la région. Et le Comité du Coing, "association loi 1901" créé en 1998, organise chaque année en automne la Fête du Coing au cours de laquelle de nouveaux membres de la Confrérie sont intronisés.

En 2013, gros succès du coing avec la vente d'une tonne de fruits en une matinée !!

BALADE EN IMAGES