SILLANS LA CASCADE (83)

FETE DE L'AUTOMNE 2017 AVEC L'OPIE

La Nature, l'Olivier et la Mouche

La Bresque
La Bresque
L'olivier
L'olivier
La mouche de l'olivier image internet
La mouche de l'olivier image internet

Le 24 septembre 2017, à l'occasion de la fête de l'automne à Sillans, Michel Papazian, président de l'OPIE Provence-Alpes du sud, est venu parler de la mouche de l'olive. Un exposé qu'il lui a plu de placer dans un large contexte : la Nature en général, rappelant les liens étroits qui unissent tous les êtres vivants. Une interdépendance où la moindre perturbation a des répercussions parfois dramatiques.

"Le thème de la mouche sera développé une fois que chacun aura pris conscience que la Nature, aussi variée soit-elle par les innombrables aspects qu'elle nous offre, ne fait qu'une, et que le micro-phénomène de la mouche de l'olivier n'est qu'un de ses minuscules aspects. Et chacun prendra également conscience que modifier un élément, un chaînon de la Nature, aussi insignifiant puisse-t-il paraître, entraine un bouleversement plus ou moins important, parfois temporaire, parfois définitif", a expliqué Michel.

LA CLE DE L'EQUILIBRE NATUREL

Michel Papazian : "il y a environ 1 million de bactéries dans 1 ml d'eau douce. Les spécialistes estiment que les bactéries représentent une grande partie, si ce n'est la plus grande partie de la biomasse sur terre".
Michel Papazian : "il y a environ 1 million de bactéries dans 1 ml d'eau douce. Les spécialistes estiment que les bactéries représentent une grande partie, si ce n'est la plus grande partie de la biomasse sur terre".

 

Depuis son apparition sur notre planète, dont "l'eau et la quantité d'eau sont restées les mêmes depuis 4 milliards d'années", souligne Michel, la vie n'a cessé de se développer, d'évoluer.

 

Des bactéries asexuées, au règne végétal et animal dont la reproduction sexuée a favorisé l'adaptation à l'environnement, "Voici à présent la Nature telle que nous la connaissons, avec les chaînes alimentaires, l'évolution, la sélection naturelle, l'adaptation : quatre phénomènes interdépendants, qui constituent la clé de l'équilibre naturel".

 

Conséquence des chaînes alimentaires, nos écosystèmes (l'ensemble des êtres vivants dans un milieu donné), sont en perpétuel mouvement. Ils sont également tributaires de cataclysmes naturels comme les éruptions volcaniques, ou la chute de météorites...

L'apparition de l'Homme sur Terre : un cataclysme en marche (photo Musée de Quinson)
L'apparition de l'Homme sur Terre : un cataclysme en marche (photo Musée de Quinson)

 

L'apparition de l'être humain sur terre, en est un autre, "qui se poursuit actuellement".

Si Homo Sapiens naît il y a environ 300 000 ans, c'est au néolithique (il y a 12 000 à 10 000 ans), lors de sa sédentarisation, qu'il commence à rompre l'équilibre de son environnement. Le désordre va alors croissant, et s'accélère encore depuis l'ère industrielle. Au point que "les spécialistes parlent à présent "d'anéantissement biologique planétaire, et du début de la 6ème extinction des vertébrés sur terre".

 

L'OLIVIER ET SON CORTEGE D'ORGANISMES VIVANTS

Oliviers à Sillans.  "En tant que plante, l'olivier produit ses propres toxines, ses goûts, ses odeurs, ses phéromones, auxquels des bactéries, des champignons et des invertébrés se sont adaptés"
Oliviers à Sillans. "En tant que plante, l'olivier produit ses propres toxines, ses goûts, ses odeurs, ses phéromones, auxquels des bactéries, des champignons et des invertébrés se sont adaptés"

 

La culture de l'olivier -Olea europaea-, se pratiquait déjà 3000 ans avant J.C. Descendant de l'olivier sauvage encore présent sur le pourtour méditerranéen, et résultat de sélections successives, il est caractéristique de notre climat "dont il matérialise même les limites géographiques".

Et Michel poursuit : "Il constitue un écosystème complexe et possède son cortège d'organismes vivants, tels que des bactéries, des champignons et des invertébrés (surtout des insectes). Tout ce petit monde affectionne telle ou telle partie de l'arbre : son écorce, son tronc, ses racines, ses rameaux, ses feuilles, ses fleurs, ses fruits". Ils ne vivent pas en symbiose avec lui. Ils "sont des parasites, ils tirent parti de l'olivier, altérant plus ou moins sa santé".

En dehors des insectes butineurs favorisant la pollinisation, Michel a cité divers parasites.

 

  • des champignons, comme la fumagine, ou le pourridié
  • des bactéries, comme celle qui provoque le chancre de l'olivier (Pseudomonas savastanoi), ou cette autre encore, Xillela fastidiosa, responsable en Italie de la mort des arbres

 

  • de nombreux insectes, dont les trois principaux ravageurs sont : la cochenille noire, la mouche et la teigne de l'olivier.

 

 

UNE MOUCHE QUI NE PARASITE QUE LES OLIVIERS

La mouche pondant dans l'olive image internet
La mouche pondant dans l'olive image internet

 

De 4mm à 5mm, la mouche de l'olivier -Bractocera oleae-, est présente dans toutes les zones d'oléiculture.

 

Après accouplement, elle dépose son oeuf sous la peau de l'olive. "Puis, avec l'extrémité de sa trompe, elle aspire le jus de l'olive, badigeonne autour de la surface de la piqûre et réabsorbe le tout, ainsi que les bactéries présentes autour de la piqûre, car comme tous les fruits, des bactéries recouvrent entièrement la peau des olives. La femelle marque également l'olive en déposant une substance odorante afin de ne pas piquer deux fois le même fruit, ce qui n'empêche pas d'autres mouches de le faire. Une femelle peut ainsi, au cours de sa vie, piquer de 400 à 500 olives".

La larve se développe à l'intérieur du fruit et un mois après environ, la mouche en sort. Elle peut vivre plus de 6 mois, et parcourt chaque jour une dizaine de kilomètres.

Cinq générations peuvent se succéder en une saison.

 

Certaines conditions favorisent son développement : "Un hiver doux, un printemps précoce, un été sans chaleur excessive, un automne doux. Si l'humidité est élevée, les conditions deviennent idéales".

 

La taille de l'olivier, en augmentant le calibre des fruits, contribue également à l'attaque de la mouche, qui préfère les olives les plus grosses, à la peau fine : la Bouteillan, la Lucques, la Verdale...

 

La mouche va altérer la récolte, en quantité, car les fruits contaminés tombent précocément, et en qualité : on obtient une huile de goût médiocre.

 

 

 

LUTTER CONTRE LA MOUCHE

Piège Olipe en fin de saison
Piège Olipe en fin de saison
Eupelmus urozonus l'un des parasites de la mouche de l'olivier. "Une espèce idigène présente chez nous et dans toute la zone tempérée de la planète, c'est une microguêpe". (photo internet)
Eupelmus urozonus l'un des parasites de la mouche de l'olivier. "Une espèce idigène présente chez nous et dans toute la zone tempérée de la planète, c'est une microguêpe". (photo internet)
Inula viscosa -inule visqueuse-
Inula viscosa -inule visqueuse-

 Michel Papazian à Sillans
Michel Papazian à Sillans

 

Pour lutter contre la mouche, il existe diverses stratégies : physiques, chimiques, non chimiques, transgénique et biologiques.

 

La lutte physique : "la pulvérisation d'argile sur les olives empêche la ponte. L'application doit être renouvelée après chaque pluie".

 

La lutte non chimique, comme le piège Olipe : une bouteille de plastique percée de trous aux 3/4 de la hauteur, et remplie d'un attractif alimentaire. A noter que "les mouches sont sensibles à la couleur jaune et aux fortes odeurs comme celle du fumier. On peut donc peindre des bandes jaunes sur la bouteille". On peut aussi utiliser un piège sexuel "composé d'une capsule de phéromones et d'un fond englué jaune, renouvelé toutes les 3 ou 4 semaines". Ou encore la bouillie bordelaise, fin juin, au moment de la ponte des mouches.

 

La lutte biologique, qui utilise les parasites de la mouche de l'olivier. Il en existe trois, dont le plus efficace se nomme Eupelmus urozonus, "son point fort étant la plante principale sur laquelle il hiverne : Inula viscosa (...) extrêmement commune chez nous, envahissante même ...".

 

La lutte transgénique dont les expérimentations se déroulent actuellement en Espagne.

 

La lutte chimique : mais faut-il en parler ? ....