Septembre 2010 : que devient le projet du futur P.N.R. du Pays Sainte Baume ?
"Nous en sommes à la création du syndicat mixte de préfiguration qui permettra de mettre en place la charte, et ensuite la composition d'un syndicat de gestion", a déclaré Sylvie Guignonnet, chargée de mission PACA, le 26 septembre à La Roquebrussanne, lors de la fête des P.N.R. Diverses associations sont venues rappeler l'importance de la biodiversité, tant floristique que faunistique, sur ce massif situé au coeur de la Provence.
CARRIERE ET DECHARGE : FEU VERT POUR LE DEBOISEMENT
Robert Durand, de l'association "Environnement Méditerranée", et géologue, a annoncé la poursuite des projets de la carrière Audemard et de la décharge Véolia sur les anciennes mines de Mazaugues, malgré toutes les actions entreprises pour démontrer le risque de pollution de l'énorme réserve d'eau souterraine à cet endroit. Le film qu'il a réalisé avec des spéléologues, met en évidence la communication entre les eaux souterraines et les sources alimentant les villages. "Mais le préfet vient de donner l'autorisation de déboisement nécessaire pour entreprendre les travaux. Il a été saisi à deux reprises par les avocats des associations souhaitant sauvegarder le site... Il n'a pas répondu. A la question de la pollution éventuelle du lac de Carcès, Véolia (qui exploite également les eaux du lac), explique que dans cette alternative, les eaux seront traitées..." Un recours est-il encore possible ? "Une pétition sera disponible sur le site des associations concernées, et nous envisageons de manifester..."
ARRETE PREFECTORAL DU 28 MARS 2011 : REFUS DE L'INSTALLATION DE LA DECHARGE SUR LE SITE DE MAZAUGUES ; Val Sud a deux mois pour déposer un recours...
2 MARS 2012 : reportage FR3 contre l'implantation d'une carrière sur la commune de Mazaugues (Environnement Méditerranée)
2 MARS 2012 : reportage FR3 contre l'implantation d'une carrière sur la commune de Mazaugues (Environnement Méditerranée)
SAINTE BAUME LA FLORE DE L'UBAC
La face nord de la Sainte Baume, avec sa haute falaise, son ensoleillement réduit, ses précipitations abondantes et ses brouillards fréquents, offre "un micro-climat indispensable à la survivance d'une flore non-méditerranéenne : plantes des Alpes, d'Europe du Nord, et même de Sibérie."
Jean Le Dantec, ancien professeur de géologie-biologie, a donné un aperçu de cette végétation acclimatée en terrain calcaire et faible luminosité. L'une des curiosité est la hêtraie. "Elle est en fait très localisée, à l'aplomb du Saint Pilon, où elle occupe une superficie d'un peu moins de 50 ha, sans compter quelques îlots dans la chênaie. Ce que le hêtre exige, c'est surtout un taux d'humidité de l'air suffisamment élevé. On observe ici des troncs d'une quarantaine de mètres de haut, et de 3 mètres de circonférence ; de quoi faire pâlir ses collègues du nord. Ils sont remarquables, ces troncs, avec leur rectitude, et leur écorce lisse. On rencontre également les plus beaux ifs de France, qui battent des records de longévité ; la belladone, plante des sorcières, très toxique, utilisée en médecine." Ou encore le lis martagon, fleur rare et protégée, d'un rose délicat moucheté de rouge ; l'ancolie, appelée aussi "gants de fée" ou de "Marie", dont les graines ont longtemps servi à composer des parfums aphrodisiaques, et qui fut l'emblème du fou du roi ; la grande berce...
Jean Le Dantec travaille avec l'Ecomusée Découverte Sainte Baume, qui produit de nombreux CD et DVD, dont celui de "la flore de l'ubac de la haute chaîne de la Sainte BAUME. En savoir plus
Gilles Viricel, ornithologue du groupe L.P.O. Sainte Baume, a présenté quelques "oiseaux merveilleux", rappelant que la protection d'une espèce n'est pas un frein à certains aménagements de territoire. "L'espèce est protégée, mais pas son habitat ; il n'y a guère que les espaces Natura 2000 qui peuvent garantir les habitats, avec parfois des accords pour l'exploitation de carrières, soumise à des conditions précises..."
Dans les milieux forestiers, on remarque le circaète Jean Le Blanc, migrateur hivernant au sud du Sahara ; "le pic noir, que l'on ne rencontre, en Basse Provence, que sur le versant nord de la Sainte Baume" ; la mésange noire, appelée aussi "petite charbonnière", et plus fréquente dans les départements alpins.
"En zone rupestre, on a l'aigle de Bonelli, dont on compte ici deux couples ; c'est l'espèce la plus menacée de France ; le monticole bleu, protégé chez nous, et classé "vulnérable", du fait d'une forte baisse de ses effectifs en Europe ; "le grand corbeau, d'1,20m d'envergure, très intelligent, pourchassé depuis des siècles, a trouvé refuge dans les massifs montagneux, et on le voit très souvent sur les crêtes."
En milieu de garrigue, on observe de petites espèces, comme l'alouette lulu au sourcil blanc, au chant très particulier, et qui fréquente également les terrains agricoles ; la fauvette pitchou, au cercle orbital rouge, sédentaire, que l'on entend plus que l'on ne voit, et qui est typique de la Sainte Baume ; la pie-grièche écorcheur, qui se nourrit de gros insectes ; l'ortolan, objet de chasse traditionnelle dans les landes, malgré son interdiction formelle."
Sur les crêtes, on peut voir le traquet oreillard, ainsi que le traquet motteux, plus présent dans les Hautes Alpes. "La fauvette la plus rare et la plus petite, la fauvette à lunettes, fréquente aussi le massif de l'Etoile, et les lavandins du plateau de Valensole ; le bruant fou, ainsi nommé parce qu'il se laissait facilement attrapper dans les filets au 19ème siècle, n'est aujourd'hui pas menacé.
En milieu agricole, niche le rollier d'Europe, aux alentours de Tourves, Rougiers et La Roquebrussanne. C'est un migrateur cavernicole. Le cochevis huppé, dont l'espèce se raréfie, est visible dans la plaine de La Roquebrussanne, et aux environs de St Maximin. L'hirondelle rousseline niche fréquemment sous les ponts, et reste en effectif réduit en France.
Dans les zones humides, vivent le grèbe castagneux et le blongios nain, un petit héron observé à Gémenos et à Tourves, et dont on a recensé 300 couples en France. Le guêpier d'Europe revient chaque printemps à Signes, à la carrière de Chibron (environ 10 couples). Le cincle plongeur, qui nage sous l'eau, et fait souvent son nid derrière les cascades, est un témoin de la qualité de l'eau. La rousserolle turdoïde fixe son nid dans les roseaux, à 1m du sol. Le loriot d'Europe, qui aime se cacher dans le feuillage des grands arbres, se retrouve sur les armoiries d'Auriol..."
LA BIODIVERSITE DE LA SAINTE BAUME ET D.S.B.E.T.
L'association "Découverte Sainte Baume", agréée pour la protection de l'environnement, est un écomusée-territoire du Var et des Bouches du Rhône. L'un de ses membres, Jean-Jacques Salone, a développé les actions entreprises pour la protection de ce massif de plus en plus habité et fréquenté. "Montagne-refuge, entre Alpes et Méditerranée, protégée depuis longtemps, elle abrite de nombreux habitats, intriqués les uns dans les autres ; une nature très prisée des scientifiques, qui en rassemblent inlassablement les données. L'association effectue des inventaires affinés par des botanistes, diffuse les connaissances et sensibilise le public à travers son site, la publication d'un journal, de DVD et de brochures. Elle agit en partenariat avec communes, conseils généraux et d'autres associations." Voir le site
DES EXEMPLES : L'ITALIE ET L'ESPAGNE
Quelle place pour le futur P.N.R. Pays Sainte Baume parmi les espaces protégés des états méditerranéens, sachant que de plus en plus de parcs régionaux et aires naturelles qui se créent, participent à des réseaux. "Ainsi, pour les pays méditerranéens, c'est l'Union pour la Méditerranée", a expliqué Louis Marie Giacobbi, secrétaire d'Objectif P.N.R. Avec 462 millions d'habitants dont 70% en zone littorale, une population très urbaine et en expansion, ainsi que 130 millions de touristes par an (Espagne en tête), le bassin méditerranéen devient de plus en plus fragile sur le plan des ressources naturelles et culturelles. "Dans tous les cas, le problème majeur est celui de l'eau, un bien précieux, rare et convoité, très irrégulièrement réparti.Partout, l'agriculture est entre dynamisme (avec cultures intensives comme cultures sous serre en Espagne), et déprise (activité traditionnelle souvent en crise). Globalement, la superficie des forêts augmente, des forêts pour la plupart dégradées, présentant des risques d'incendie, comme en Grèce en 2007. Face à ce constat, il convient de promouvoir une maîtrise des territoires et du développement durable, pour la création d'aires protégées." Sur le pourtour méditerranéen, les pays européens possèdent les espaces protégés les plus importants, tandis que ceux du sud et de l'est en ont fort peu. Si les premiers territoires protégés de l'histoire ont été plutôt des projets individuels ou de groupes restreints, les parcs nationaux et réserves voient le jour en 1960-75 ; puis se créent les parcs régionaux, à la forte demande des populations locales. "Quel modèle pour la Sainte Baume, marquée par la proximité d'un bipôle urbain, Marseille et Toulon ? En Italie, le parc du Monte Beigua, et en Espagne, celui du Montseny ; ils ont avec nous des atouts et problèmes communs : intérêt géologique, forêt relique, patrimoine religieux, proximité des grandes villes. La création d'aires protégées est un outil essentiel d'aménagement durable du territoire méditerranéen. Dans ce cadre, il est nécessaire d'entreprendre la réalisation de nouveaux projets dans un contexte méditerranéen, par collaboration internationale, et par jumelage à une double échelle, d'abord avec une collectivité voisine (comme l'Italie ou l'Espagne), mais aussi avec des pays du sud, Afrique du Nord et Proche Orient, dans le cadre de structures existantes, ou à créer."
FEVRIER 2012 DERNIERES NOUVELLES DU PNR
A l'occasion de la "semaine sans pesticide", Michel Gros, maire de La Roquebrussanne, a annoncé la prochaine élaboration de la charte du futur PNR du Pays Sainte Baume. "Elle fixera les grandes orientations du Parc pour les 12 années à venir" a-t-il déclaré.
LE PARC NATUREL REGIONAL DE LA SAINTE BAUME EST CREE !!!
Le 20 décembre 2017
"La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur compte maintenant un Parc naturel régional de plus. Au terme de plusieurs années de co-construction du projet de Parc, avec les élus, les services de l’Etat, les partenaires techniques, les acteurs socio-économiques et la société civile au travers du Conseil de développement, c’est à l’aboutissement d’une démarche partenariale que l’on assiste aujourd’hui." (communiqué LPO PACA)